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Scène II.

LE CHŒUR.

Que de révolutions terribles dans la vie humainel les rangs inférieurs de la société sont moins exposés aux coups de la fortune, et moins maltraités par les caprices du sort. On trouve le repos dans une vie obscure, et l’humble cabane laisse aller ses hôtes jusqu’à la vieil- lesse : mais le faîte aérien des palais est en butte à tous les vents, aux fureurs de l’Eurus et du Notus, aux ra— vages de Borée et du Corus pluvieux. Rarement la fou— dre tombe au sein de l’humide vallée, tandis que les carreaux de Jupiter ébranlent le superbe Caucase et la montagne de Phrygie où s’élève le bois de Cybèle. Le roi du ciel, craignant pour son empire, frappe tout ce qui s’en approche. Ces grandes révolutions ne peuvent trouver place dans l’étroite enceinte d’une maison plé- béienne, mais elles grondent à l’entour des trônes ; le temps, dans son vol incertain, les amène sur ses ailes ra- pides, et jamais la fortune changeante ne tient ses pro—- messes.

Un héros échappe à la nuit éternelle et remonte à la clarté des cieux ; à peine arrivé sous le soleil, il s’attriste et maudit son retour. Sa patrie et le palais de ses pères lui deviennent plus insupportables que les