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ACTE CINQUIÈME.


Scène I.

THÉSÉE, PHÈDRE.
THÉSÉE.

Quel est ce transport furieux, et cette douleur qui vous égare ? pourquoi cette épée ? pourquoi ces cris et ces gémissemens lugubres sur le corps de votre ennemi ?

PHÈDRE.

C’est contre moi qu’il faut tourner ta fureur, ô Neptune ; c’est contre moi qu’il faut déchaîner les monstres de la mer, ceux que Téthys cache dans les derniers replis de son sein profond, ceux que le. vieil Océan nourrit dans ses plus sombres abîmes. 0 cruel Tliésée, que les tiens n’ont jamais revu que pour leur malheur, et dont il faut que le retour soit-acheté par la mort d’un père et d’un fils ! tu détruis ta famille, et c’est toujours la haine ou l’amour d’une épouse qui te rend coupable. — Hippolyte, est-ce ainsi que je te revois ? est-ce ainsi que je t’ai fait ? Quel cruel Sinis, quel barbare Procruste a déchiré tes membres ? ou quel Minotaure, quel mons- tre mugissant dans la prison bâtie par Dédale, t’a frappé de ses cornes terribles et mis en pièces ? Hélasl qu’est devenue ta beauté ? que sont devenus tes yeux, astres