Page:Sénèque - Tragédies, trad. Greslou, 1834, t. 1.pdf/511

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Page 251. Ah ! l’unique salut d’Œdipe, c’est de n’en point attendre. Littéralement : l’unique salut d’Œdipe, c’est de n’être pas sauvé. Virgile avait bien dit :

Una salus victis nullam sperare salutem ;

mais au moins ce vers présente une idée, celle de Corneille dans les Horaces :

Ou qu’un beau désespoir alors le secourût.

Mais le vers de notre auteur ne renferme aucune idée ; c’est pourquoi nous lui avons donné celui du vers de Virgile, qu’il semble avoir voulu imiter, afin de ne pas donner un non-sens. Ducis a paraphrasé ce vers comme nous l’avons traduit :

Ma vie est un supplice, et, pour me secourir,
Il ne me reste plus que l’espoir de mourir.
(Œdipe chez Admète, acte iii, sc 2.)

Page 253. Il n’y a pas plus de cruauté à faire mourir un homme, qu’à le forcer de vivre malgré lui. C’est la paraphrase d’un vers d’Horace :

Invitum qui servat, idem facit occidenti
(Horat., de Arte poet., v. 467.)

Le même paradoxe est développé dans Sénèque, lettre lxxvi. Mais notre auteur ne s’arrête pas là, il ajoute gravement ; « La cruauté même n’est pas égale, elle est plus grande d’un côté. » Ce bavardage d’abord ne convient point à Œdipe, dans la situation présente ; en second lieu, le poète aurait dû réfléchir que si pour un homme fatigué de la vie il est plus cruel d’être forcé de vivre que contraint de mourir, un homme qui voudrait vivre dirait tout le contraire, sans raisonner moins juste. Racine a mis à peu près la même idée dans la bouche de Créon :

Ah ! c’est m’assassiner que me sauver la vie !
(Les Frères ennemis, acte v, sc. 6)

Page 255. Un homme gendre de son aïeul, etc. — Voyez au deuxième volume, dans les notes d’Œdipe les fameux vers de So-