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Page 397. Dans les sombres cavernes de l'enfer..... Je me suis retenu de former ce troisième vœu.

Dans les longues rigueurs d’une prison cruelle
Je n’ai point imploré ta puissance immortelle ;
Avare du secours que j’attends de tes soins,
Mes vœux font t'ont réservé pour de plus grands besoins.

(RACINE, Phèdre, acte IV, sc. 2.)

Page 399. O nature, puissante mère des dieux immortels, etc. On peut comparer ce chœur avec le début du premier livre contre Rufin. Des deux côtés, c’est le langage d’un homme qui a perdu la trace d’une providence régnant sur le monde, et qui oppose l’ordre et la régularité des phénomènes naturels avec le désordre qui l’afflige dans les choses humaines. Claudien, plus heureux que Sénèque trouve au moins la justification des dieux dans le châtiment de Rufin.

Page 401. L'adultère, que le vice élève, s'assied sur le trône. Ceci n’est peut-être pas très-clair. Vitio potens regnat adulter, « l’homme adultère puissant par le vice, » littéralement. Nous croyons que par le vice, il faut entendre l’immoralité générale qui, dans tes siècles de corruption, devient le plus sur moyen de parvenir.

O justice ! ô vertu ! vous n’êtes que de vaines idoles. C’est le cri d’une âme païenne qui, faible et facile à séduire, se détermine souvent par le succès ou le malheur. Le bonheur des méchans et le malheur des justes est la tentation la plus forte à laquelle un homme puisse résister, mais celle aussi à laquelle il résiste le plus rarement. Le psalmiste, plus savant et plus affermi dans la foi, ne succombait pas, mais chancelait « Pene moti sunt pedes mei, quum pacem peccatorum viderem. — « Le pied a failli me glisser à la vue du bonheur des méchans. »

ACTE IV. Page 405. A peine eut-il quitté la ville d’un pas rapide. Le récit de Théramène, dans la Phèdre de Racine, morceau de poésie brillante, mais déplacée dans une tragédie, est presque tout emprunté de Sénèque. Il semble que Racine, d’un goût si pur ait été séduit par la beauté de ce passage de la tragédie latine. Sans doute il écrit mieux que Sénèque mais, tout