Page:Sénèque - Tragédies, trad. Greslou, 1834, t. 1.pdf/63

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contre l’hydre. La biche du mont Ménale, si légère et si orgueilleuse de ses cornes d’or, fut par lui vaincue à la course, et saisie comme une proie. Le lion terrible de la forêt de Némée expira sous l’étreinte des bras d’Hercule, avec un profond rugissement. Parlerai-je des sanglantes étables des chevaux de la Thrace, et de ce roi cruel livré lui-même à ces monstres qu’il nourrissait du sang des hommes ? Rappellerai-je l’affreux sanglier qui, descendu des sommets touffus d’Érymanthe, désolait les bocages de l’Arcadie ? et le taureau de Crète, qui seul faisait trembler cent peuples différents ? Sur les bords lointains de l’Hespérie, le berger de Tartesse, aux trois corps, a péri sous le bras d’Hercule au milieu de ses troupeaux, que le vainqueur emmena des rivages de la mer Occidentale jusqu’aux prairies du Cithéron. Sommé de s’ouvrir un chemin à travers ces régions brûlées que le soleil du midi consume de ses feux, il sépare deux montagnes, et livre une large voie à l’Océan, en brisant cette barrière qui divisait ses eaux. Plus tard, il attaque les riches jardins des Hespérides, trompe la vigilance du dragon, et s’empare des pommes d’or. N’a-t-il pas aussi entouré de flammes et fait périr le monstre de Lerne, ce fléau renaissant et multiple ? Ses flèches n’ont-elles pas atteint au milieu des nues les oiseaux cruels du lac de Stymphale, dont les sombres ailes déployées cachaient la lumière du soleil ? La reine des vierges guerrières du Thermodon, cette femme sans époux, n’a point prévalu contre lui ; et ses mains, si ardentes aux plus hautes entreprises, n’ont point dédaigné la tâche ignoble qu’il fallut remplir dans les étables d’Augias.