Page:Sénèque - Tragédies, trad. Greslou, 1834, t. 1.pdf/87

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Phrygie ? qui ceignit autour de son front terrible la mitre des Barbares ?

AMPHITRYON.

Bacchus ne rougit point de laisser flotter les anneaux de sa blonde chevelure, d’agiter dans ses jeunes mains les thyrses légers, en traînant dans sa marche efféminée les plis ondoyans de la robe longue et enrichie d’or des Barbares. Il faut bien qu’après de grands exploits le courage se repose.

LYCUS.

Oui, la maison d’Eurytus détruite, et ses cinquante filles brutalement violées, sont des monumens de ce repos. Ce sont là des exploits que ni Eurysthée ni Junon n’avaient commandés ; à lui seul en revient tout l’honneur.

AMPHITRYON.

Vous ne savez pas tout ; on peut citer d’autres traits qui n’appartiennent qu’à lui seul, Eryx vaincu au combat du ceste, et tué avec ses propres armes, Antée, le roi des sables de Libye, subissant le même sort, le sang de Busiris justement répandu sur les autels qu’il arrosait du sang de ses hôtes. Ajoutez encore à sa gloire la défaite de Cygnus, qui, tout invulnérable, et tout inaccessible qu’il était aux coups, périt néanmoins sous le bras d’Hercule, sans blessure ; et le triple Géryon trois fois vaincu par ce puissant adversaire. Vous partagerez le sort de ces criminels dont aucun cependant n’avait souillé sa couche par l’adultère.

LYCUS.

Ce que peut Jupiter, un roi le peut. Vous avez donné une épouse à Jupiter, vous m’en donnerez une aussi.