Page:Sénèque - Tragédies, trad. Greslou, 1834, t. 2.pdf/19

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drais sans pâlir le choc des armes ct toute l’horreur des batailles ; je me sens de force à marcher à la rencontre des Titans furieux. Ai«je reculé devant le Sphynx, quand il me proposa son énigme obscure ? non, j’ai vu d’un oeil assuré sa gueule sanglante, et le sol blanchi des ossemens de ceux qu’il avait dévorés. Et au moment où, du haut de son rocher, il agitait ses ailes pour s’abattre sur sa proie, et, comme un lion en furie, s’excitait lui- même en frappant ses flancs de sa queue, je lui deman- dai ses vers énigmatiques : il les prononça d’une voix terrible, ses dents claquaient l’une contre l’autre ; ct, dans son impatience, il creusait le rocher de ses griffes cruelles. Et, pourtant, je sus démêler le sens obscur de son énigme, et trancher le nœud de ses paroles mystérieuses.

JOCASTE.

Pourquoi donc maintenant adresser à la mort des voeux tardifs et insensés ? Vous pouviez mourir alors ; mais aujourd’hui le sceptre est la récompense de votre courage, et le prix de votre victoire sur le Spbynx.

ŒDIPE.

C’est la cendre de ce monstre perfide qui s’acharne contre nous ; oui, c’est elle : c’est le Sphynx mort qui nous tue. L’unique voie de salut qui nous reste, c’est qu’Apollon nous indique un remède à nos maux.