Page:Sénèque - Tragédies, trad. Greslou, 1834, t. 2.pdf/265

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Créon

Vous devriez être partie. Pourquoi ces délais et ces vains discours ?

Médée

Je pars, mais je vous demande à genoux une dernière faveur, c’est de ne point punir mes fils innocents du crime de leur mère.

Créon

Allez, je les traiterai comme mes propres enfants, et leur servirai de père.

Médée

Par ce royal hymen que vous formez sous de si heureux auspices, par les espérances qu’il vous donne, par le destin des empires, dont la fortune inconstante se joue au gré de ses caprices, je vous en conjure, accordez-moi un court délai pour partir, le temps de prodiguer à mes enfants les derniers embrassements d’une mère, peut-être, hélas ! prête à mourir.

Créon

Vous demandez le temps de commettre quelque nouveau crime.

Médée

Quel mal pouvez-vous craindre de moi, en si peu de temps ?

Créon

Ce n’est jamais le temps qui manque aux scélérats pour mal faire.

Médée

Refuserez-vous à une malheureuse quelques moments pour pleurer ?