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ACTE TROISIÈME.


Scène I.

La nourrice, Médée.
La nourrice

Princesse, où courez-vous d’un pas si rapide ? Arrêtez, modérez votre colère, et calmez ce fougueux emportement. Comme une Ménade furieuse dans le désordre qui l’agite, et pleine du dieu qu’elle porte en son sein, se précipite au hasard à travers les sommets neigeux du Pinde ou les coteaux de Nysa, Médée va et vient, avec des mouvements désordonnés, portant sur tous ses traits l’expression de la rage et de la fureur : son visage enflammé se gonfle par l’effort de sa respiration profonde. Elle crie ; ses yeux sont baignés d’un torrent de larmes : elle sourit d’un air satisfait ; tous les sentiments paraissent tour-à-tour sur son visage. Elle hésite, elle menace, elle s’emporte, elle se plaint, elle gémit. Sur qui va tomber le poids de sa fureur ? quel but vont frapper ses menaces ? où le flot de sa colère doit-il se briser ? sa rage déborde : ce n’est pas un crime facile, un forfait ordinaire qu’elle médite ; elle va se surpasser elle-même. J’ai vu autrefois les signes de la