Page:Sénèque - Tragédies, trad. Greslou, 1834, t. 2.pdf/297

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Moins terrible est le vent d’ouest, quand il déchaîne les tempêtes de l’hiver, et le Danube quand il se précipite comme un torrent, brise les ponts qui joignent ses rives, et se déborde à travers les campagnes.

Moins terrible est le Rhône quand il repousse les flots de la mer, et moins terribles sont les torrents formés par les neiges de l’Hémus quand elles se fondent aux regards brûlants du soleil, vers le milieu du printemps.

Le feu de l’amour, attisé par la haine, est aveugle et furieux ; rien ne peut l’apaiser, ni régler ses emporte-mens : la mort même ne l’effraie pas, il va lui-même au devant de l’épée.

Grâce ! dieux tout puissants ; nous implorons votre clémence : protégez les jours du héros dont le courage a soumis la mer ! Mais hélas ! le roi des flots brûle de venger l’outrage fait à son empire.

Le jeune téméraire qui voulut guider le char éternel du dieu du jour, oubliant les limites que son père avait tracées, fut, pour prix de son imprudence, atteint des feux qu’il avait jetés à travers le monde.

Ce n’est jamais sans péril qu’on se lance dans des voies inconnues : suivez la route sûre, tracée par les premiers hommes, et gardez-vous de porter une main violente et sacrilège sur les barrières vénérables qui séparent les mondes.

Tous ceux qui ont manié les rames célèbres du hardi vaisseau, et dépouillé le Pélion de l’épais ombrage de sa forêt sacrée ; tous ceux qui se sont jetés à travers les rochers mouvants ; qui, après des périls sans nombre, ont abordé aux côtes d’un pays barbare, pour en rapporter