Aller au contenu

Page:Sénèque - Tragédies, trad. Greslou, 1834, t. 2.pdf/299

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

l’or qu’allaient saisir leurs mains avides, ont dû périr, et expier leur sacrilège audace par un trépas cruel.

La mer, outragée par eux, a vengé ses droits méconnus. Tiphys, le premier des navigateurs, a dû céder le gouvernail à des mains moins habiles ; il est mort loin des états paternels, sur une plage étrangère, et repose maintenant sous une tombe inconnue, parmi des ombres sans gloire ; et l’Aulide, avertie par le malheur de son roi, retient aujourd’hui dans ses ports les navires impatiens du calme qui les arrête.

Le noble fils de Calliope, dont la lyre harmonieuse suspendait le cours des fleuves, et faisait taire les vents, dont la douce mélodie faisait oublier aux oiseaux leurs chants, et forçait les forêts à le suivre, a été mis en pièces dans les plaines de Thrace, et sa tête a roulé sur les ondes glacées de l’Hèbre ; il a revu les bords du Styx et les ténèbres du Tartare, pour n’en plus remonter.

Alcide a vaincu les enfants de Borée ; il a mis à mort le fils de Neptune, qui avait reçu de son père le don de prendre plusieurs formes. Lui-même, après avoir pacifié la terre et l’onde, après avoir brisé les portes du sombre empire, s’est couché vivant sur le bûcher de l’Œta, et livrant son corps aux flammes dévorantes, est mort brûlé par cette robe sanglante de Nessus, que sa nouvelle épouse lui avait donnée.