Page:Sénèque - Tragédies, trad. Greslou, 1834, t. 2.pdf/311

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les fleurs du printemps parmi les feux de l’été, et montré des moissons inconnues sous les glaces de l’hiver. J’ai forcé les flots impétueux du Phase à remonter vers leur source ; j’ai arrêté le cours du Danube et enchaîné ses ondes menaçantes qui s’écoulent par tant de bras ; j’ai fait gronder les flots, j’ai soulevé les mers sans le secours des vents. Au seul bruit de ma voix, une antique et sombre forêt a perdu son ombrage ; le soleil, interrompant sa carrière, s’est arrêté au milieu du ciel ; les Hyades s’ébranlent à mes terribles accents. Il est temps, Hécate, de venir assister à tes noirs sacrifices. C’est pour toi que, d’une main sanglante, j’ai formé cette couronne qu’entoure neuf fois le serpent qui fut un des membres du géant Typhée dont la révolte ébranla le trône de Jupiter. C’est ici le sang d’un perfide ravisseur que Nessus donna en mourant à Déjanire ; c’est ici la cendre du bûcher de l’Œta ; elle est imprégnée du poison qui consuma le corps d’Hercule. Tu vois ici le tison d’Althée, sœur tendre autant que mère impie dans sa vengeance. Voici les plumes des Harpyes laissées par elles dans un antre inaccessible, en fuyant la poursuite de Zétès ; en voici d’autres arrachées aux oiseaux du Stymphale, blessés par les flèches trempées dans le sang de l’hydre de Lerne.

Mais l’autel retentit : je reconnais ses trépieds qu’agite une déesse favorable. Je vois le char rapide d’Hécate, non celui qu’elle guide à travers les nuits quand son visage forme un cercle parfait de lumière argentée, mais celui qu’elle monte quand, vaincue par les enchantements des magiciennes de Thessalie, elle prend une figure