Page:Sénèque - Tragédies, trad. Greslou, 1834, t. 2.pdf/315

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J’ai des flammes de la Chimère ; j’en ai d’autres qui viennent de la poitrine embrasée du taureau de Colchos ; je les ai mêlées avec le fiel de Méduse, pour leur conserver toute leur vertu.

Augmente l’énergie de ces poisons, divine Hécate ! nourris les semences de feu que recèlent ces présents que je veux offrir ; fais qu’elles échappent à la vue et résistent au toucher ; que la chaleur entre dans le sein et dans les veines de ma rivale ; que ses membres se décomposent, que ses os se dissipent en fumée, et que la chevelure embrasée de cette nouvelle épouse jette plus de flammes que les torches de son hymen !

Mes vœux sont exaucés : l’audacieuse Hécate a fait entendre un triple aboiement ; les feux de sa torche funèbre ont donné le signal.

Le charme est accompli : il faut appeler mes enfants, qui porteront de ma part ces dons précieux à ma rivale. Allez, allez, tristes enfants d’une mère infortunée. Par des présents et par des prières, tâchez de gagner le cœur d’une maîtresse et d’une marâtre. Allez, et revenez vite, afin que je puisse encore jouir de vos embrassements.