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mers, vers les champs d’Olène ; la troisième enfin ser— pente au fond d’une profonde vallée, et suit dans leurs détours les fraîches eaux de l’Ilissus. C’est là que le roi, qui voyageait sans armes, fut assailli tout à coup par une troupe de brigands qui le tuèrent sans témoins dans ces lieux écartés. Mais voici le vieux Tirésias qui, par l’inspiration du dieu des oracles, s’avance vers nous à pas lents et mal assurés ; sa fille Mante l’accompagne et sert de guide à son père aveugle.


Scène II.

ŒDIPE, TIRÉSIAS, CRÉON, MANTO.
ŒDIPE.

Prêtre des dieux, toi qui ne le cèdes qu’au dieu des oracles dans la science de l’avenir, dis-nous sa réponse : quel est le coupable qu’il faut punir ?

TIRÉSIAS.

Si ma bouche tarde à s’ouvrir, si ma langue hésite à parler, n’en soyez point surpris, magnanime ÛEdipel la privation de la vue me dérobe une grande partie de la vérité ; mais l’intérêt (le mon pays parle, Apollon m’appelle, il faut obéir, il faut interroger les entrailles des victimes. Si mon sang avait encore la chaleur et la pureté de la jeunesse, le dieu lui-même descendrait dans mon sein. Approchez des autels un taureau blanc dont la tête n’ait jamais ployé sous le joug. Toi, ma fille, sers