Page:Sénèque - Tragédies, trad. Greslou, 1834, t. 2.pdf/371

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ques autres, à Marcus Sénèque, le rhéteur, père du philosophe, c’est que ce dernier passe généralement pour avoir suivi la doctrine des stoïciens, qui croyaient à l’immortalité de l’âme. Mais cette raison n’en est pas une, car Sénèque le Philosophe a mêlé Platon et Épicure dans ses autres ouvrages, et s’est contredit en prose comme en vers, ainsi qu’on le voit dans sa Consolation à Marcia, où, après avoir dit que nos maux finissent avec la vie : Ultra mortem mala nostra finiuntur, il fait parler Cordus comme vivant de la vie des morts : Nos quoque felices animae et aeterna sortite. Ses Lettres fournissent encore d’autres exemples de cette contradiction.

Page 153. Veux-tu savoir où tu seras après la mort ? Voici l’imitation, ou, si l’on veut, la parodie de cette pensée, par Cyrano de Bergerac :

Une heure après ma mort mon âme évanouïe
Sera ce qu’elle était une heure avant ma vie.

Les enfers, le royaume des Ombres, etc. Le président Claude Nicole, qui n’a jamais passé pour un athée, mais séduit sans doute par la célébrité de ce chœur, extrêmement remarquable par la beauté du style, en a publié une paraphrase qui n’est pas la plus mauvaise pièce de son recueil imprimé en 1656 : en voici la dernière strophe :

Tout ce qu’on nous dit de la Parque,
De Cerbère et de l’Achéron ;
Tout ce qu’on prône de la barque
Où passe tous les morts le vieux nocher Caron,
Ce sont de froides railleries,
Des songes creux, des rêveries ;
Et, quiconque a du jugement,
Connait facilement qu’one telle pensée
Vient du faible raisonnement
Qu’imprime la frayeur dans une âme blessée.

Page 159. Tout à coup mon Hector s’est dressé devant moi. Ce songe est plutôt copié qu’imité de celui d’Énée, au second livre de l’Énéide, avec lequel il peut soutenir la comparaison, grâce à la sagesse de notre auteur, qui s’est contenté de suivre fidèlement son