Page:Sénèque - Tragédies, trad. Greslou, 1834, t. 2.pdf/41

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maintenant qui se partage en deux flammes rivales, et la cendre d’un même sacrifice , en guerre avec elle-même, se divise. O mon père ! je frémis de ce que vois : le vin répandu se change en sang, et une épaisse fumée enveloppe la tête du roi ; une fumée plus épaisse encore se répand autour de son visage même, et couvre d’un sombre nuage cette lumière ténébreuse. Quel est ce présage , ô mon pèrel dites-nous—le ?

TIRÉSIAS.

Puis-je parler dans le trouble qui m’agite , et dans le désordre de mes esprits ? Que (lirai-je ? ee sont d’affreux malheurs, mais un voile épais les couvre encore. Le courroux des dieux s’annonce d’ordinaire par des signes certains. Quel est donc ce mystère qu’ils veulent me ré- véler, et qu’ils dérobent ensuite à mes regard, P Pour- quoi me cachent-ils le secret de leur colère ? on dirait que la honte les arrête. Prends vite les fruits salés, jette—les sur la tête des victimes. S’approchent-elles sans résistance de l’autel, et souffrent—elles patiemment la main qui les touche ?

MANTO.

Le taureau a levé sa tête ; tourné vers l’orient , il a peur du jour, il se détourne et fuit le regard du soleil et sa vive lumière.

TIRÉSIAS.

Les deux victimes sont-elles tombées sous le premier coup ?

MANTO.

La génisse est venue d’elle-même s’offrir au couteau sacré ; une seule blessure a suffi pour l’abattre. Mais le