Page:Sénèque - Tragédies, trad. Greslou, 1834, t. 2.pdf/43

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taureau, déjà frappé deux fois, s’agite en tout sens, et la vie ne s’échappe qu’avec peine de son corps épuisé par la résistance.

TIRÉSIAS.

Le sang s’échappe-t—il de la blessure étroite en jets ra- pides, ou s’il ne tombe que lentement et goutte à goutte des autres blessures plus larges ?

MANTO.

Par l’ouverture faite à la poitrine, il sort comme un fleuve débordé ; par les autres bouches plus larges , ce n’est qu’une pluie légère. Mais voilà qu’il se refoule vers la tête et s’échappe en abondance par les yeux.

TIRÉSIAS.

Je suis épouvante de ces funestes présages. Mais, dis- > moi, quels signes certains remarques-tu dans les entrailles ?

MANTO.

O mon père ! quel est ce phénomène ? au lieu de pal— piter doucement comme cela se voit toujours , elles bon- dissent violemment sous la main qui les touche, et un sang nouveau ruisselle par les veines. Le cœur malade s’affaisse et reste enfoncé dans la poitrine ; les veines sont livides, et une grande partie des fibres a disparu ; du foie corrompu sort un fiel noir et écumant ; et, ce qui est un présage toujours fatal aux monarchies, ce foic présente deux têtes pareilles. Une membrane lé- gère , et qui ne peut cacher long-temps les secrets qu’elle nous dérobe encore , enveloppe ces deux têtes. La partie hostile des entrailles se gonfle avec violence, ct les sept veines qu’elle porte sont tendues ; une ligne oblique les coupe toutes par derrière et les empêche de