Page:Sénèque - Tragédies, trad. Greslou, 1834, t. 2.pdf/45

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se rejoindre. L’ordre naturel est troublé, rien n’est à sa place, tout est interverti. Le poumon, plein de sang au lieu de l’air qui devrait le remplir, n’est point à droite ; le cœur n’est point à gauche ; la membrane des— tinée à recouvrir les entrailles ne les enferme point dans la molle épaisseur de ses tissus. Dans la génisse, les parties naturelles sont en désordre, toutes les lois de l’utérus sont violées. Tâehons de savoir d’où vient ce gonflement extraordinaire des entrailles. O prodige épou- vantable ! la génisse a conçu, et le fruit qu’elle porte n’est point à sa place ; il remue ses membres en gémissent, et ses articulations débiles s’agitent vainement pour s’af— franchir. Un sang livide a noirci les fibres ; la victime horriblement mutilée fait effort pour se précipiter ; cc cadavre informe et vide se dresse pour frapper (le ses cornes les ministres sacrés. Les entrailles s’échappent de leurs mains. Cette voix que vous entendez, ô mon père, n’est point la forte voix des bêtes mugissantes, ni le cri des troupeaux effrayés ; c’est la flamme qui gronde sur l’autel, c’est du brasier divin que s’échap— peut ces lugubres sons.

ŒDIPE.

Dis-moi ce que signifient ces phénomènes terribles. Je l’apprendrai sans pâlir ; l’excès même des maux rend à l’âme toute sa tranquillité.

TIRÉSIAS.

Vous allez regretter le malheur dont vous cherchez à vous délivrer.

ŒDIPE.

Apprends-moi la seule chose que les dieux m’ordom