Page:Sénèque - Tragédies, trad. Greslou, 1834, t. 2.pdf/79

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rangent en bataille les uns contre les autres. Et cette moisson de guerriers, digne de la semence qui l’a pro- duite, n’eut que la vie d’un jour : née avec le so- leil , elle n’était déjà plus à son coucher. L’étranger (le Sidon est effrayé de ce prodige , il regarde en tremblant la guerre que se livre à lui-même ce peuple à peine sorti du sol, jusqu’à ce que toute cette jeunesse furieuse ait péri, et que la terre ait reçu dans son sein la mois son terrible qu’elle venait d’enfanter. Faut—il que cette guerre cruelle soit venue jusqu’à nous, et que Thèbes , la patrie d’Hercule, ait dû connaître ces haines fra- ternelles

Parlerai-je aussi de ce descendant de Cadmus ,dont le front s’ombragea des rameaux du cerf aux pieds légers, et que ses propres chiens poursuivirent comme une proie ? A travers les monts et les bois, le malheureux Actéon se précipite , parcourt au hasard les défilés et les rochers avec une vitesse inconnue, redoute le vol meur- trier des flèches empennées, et fuit les toiles que lui- même a tendues, jusqu’au moment où, près (le périr, il vit son bois et ses traits sauvages dans le miroir de cette même fontaine où la déesse, trop sévère à venger sa pudeur, avait baigne ses charmes nus.