Page:Sénèque - Tragédies, trad. Greslou, 1834, t. 2.pdf/89

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leur enflure et à leur difformité que vells devez le nom d’OEdipe.

ŒDIPE.

Mais quel est celui qui m’a remis entre tes mains ? veux le savoir.

LE VIEILLARD.

Le chefdes troupeaux du roi, celui qui avait tous les autres pasteurs sous son obéissance.

ŒDIPE.

Son nom ?

LE VIEILLARD.

Les premiers souvenirs se perdent chez les vieillards ; la rouille du temps les efface de leur mémoire affaiblie.

ŒDIPE.

Reconnaîtrais—tu les traits et le visage de cet homme ?

LE VIEILLARD.

Peut-être, car souvent l’indice le plus léger suffit pour rappeler un souvenir détruit par le temps.

ŒDIPE.

Qu’on dise aux pasteurs d’amener tous mes troupeaux dans cette enceinte sacrée et devant les autels. Allez, serviteurs fidèles, hâtez-vous d’amener ici les chefs des bergers.

LE VIEILLARD.

Quelle que soit la cause du mystère que vous voulez éclaircir , qu’il vienne des hommes ou du hasard, laissez dans l’ombre ce qui fut si long-temps caché. Souvent la vérité connue devient fatale à celui qui la découvre.

ŒDIPE.

Puis-je redouter des maux plus grands que ceux que je souffre aujourd’hui ?