Page:Sénèque - Tragédies, trad. Greslou, 1834, t. 3.pdf/107

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séparée du monde et du commerce des vivans, privée de la lumière du jour ; de longues douleurs triompheront de sa résistance.

ÉLECTRE.

Je vous demande la mort.

ÉGISTHE.

Je vous la donnerais, si vous ne la demandiez pas. C’est ne rien entendre à la tyrannie, que de tuer ceux qu’on veut punir.

ÉLECTRE.

Y a-t-il un plus cruel supplice que la mort ?

ÉGISTHE.

Oui, la vie pour celui qui veut mourir.

CLYTEMNESTRE.

Gardes, entraînez ce monstre loin de Mycènes, dans le coin le plus reculé de ce royaume, et plongez-la chargée de fers dans la nuit d’un cachot ténébreux, pour dompter par les souffrances de la prison ce cœur indomptable. Quant à cette odieuse captive, qui fut l’épouse de son vainqueur, et la maîtresse d’un prince adultère, qu’elle meure à l’instant. Arrachez-la de l’autel, et qu’elle aille rejoindre l’époux qu’elle m’a ravi.

CASSANDRE.

Il n’est pas nécessaire de m’en arracher ; moi-même je veux marcher au devant de vous. Je suis pressée d’aller annoncer la première à mes chers Troyens que la mer est couverte des naufrages de la Grèce, que Mycènes est captive ; que le chef de tant de rois, pour expier les malheurs de Troie par une destinée semblable, a