Page:Sénèque - Tragédies, trad. Greslou, 1834, t. 3.pdf/123

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le repos du genre humain ? La paix n’est point dans le séjour des dieux : la terre voit dans le ciel tous les monstres qu’elle redoutait et dont je l’ai délivrée : Junon les a tous attachés à la voûte du ciel. Le Cancer, tué par mes mains, entoure la zone torride ; il brille sur les plaines de l’Afrique et mûrit les moissons. Le Lion livre le cours de l’année à la Vierge que la terre a bannie par ses crimes ; il agite dans le ciel sa brûlante crinière, dissipe l’humidité du vent du midi et enlève les nuages. Tous ces monstres ont envahi le séjour des dieux et m’y ont précédé. Vainqueur, je contemple mes victoires au dessus de ma tête. C’est pour me rendre le ciel redoutable que Junon l’a rempli de monstres et de bêtes féroces ; mais en vain, dans sa haine, elle l’a rendu plus dangereux que la terre, plus affreux que le Styx : Hercule y trouvera place.

Si après tant de combats, et tant de monstres vaincus, si après avoir enchaîné Cerbère, je ne mérite pas encore de monter au ciel, je réunirai le Pélore de Sicile à la côte d’Hespérie : ces deux terres n’en formeront plus qu’une ; je chasserai la mer qui les sépare, si tu veux qu’elles s’unissent. Je ferai disparaître l’isthme de Corinthe, et, joignant les deux mers, j’ouvrirai une nouvelle route aux navires de l’Attique. Je changerai la face de l’univers : je creuserai un nouveau lit au Danube ; j’ouvrirai une autre vallée au cours du Tanaïs. Confie-moi du moins, ô Jupiter ! la défense du ciel. Là où je serai, ta foudre n’aura rien à faire : que le pôle glacial ou la zone torride soient commis à ma garde, il n’importe ; les dieux y seront également en sûreté.