Page:Sénèque - Tragédies, trad. Greslou, 1834, t. 3.pdf/153

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Sérique, et toutes les nations du monde célèbrent les exploits, n’est qu’un homme volage, et que la gloire touche peu. Ce n’est point pour se montrer digne de Jupiter qu’il marche ainsi par le monde, ni pour rendre son nom fameux dans toutes les villes de la Grèce ; c’est pour chercher de nouvelles amours, c’est pour monter au lit des vierges. Celle qu’on lui refuse, il l’enlève et frappe tout son peuple : les femmes déjà mariées, il les conquiert par le meurtre et le ravage ; et l’on donne le nom de vertu à cette débauche effrénée. C’est ainsi qu’il a détruit la noble Œchalie ; et le même soleil, le même jour, a vu briller et tomber cette ville malheureuse. C’est l’amour qui le pousse aux combats : tout père qui lui refuse sa fille doit trembler ; il devient son ennemi, s’il ne consent pas à devenir le beau-père d’un homme dont on a tout à craindre si l’on n’en fait pas son gendre.

Et d’ailleurs, que gagnerai-je à garder mes mains pures ? J’attendrai donc que, feignant un accès de fureur, il tende son arc homicide et me tue avec mon fils ? car c’est ainsi qu’il se délivre de ses femmes ; ce sont là ses divorces, qui, du reste, ne sauraient le rendre criminel, puisque tous ses forfaits il en rejette l’horreur sur sa marâtre. Pourquoi hésiter, ô lâche fureur ! il faut le prévenir dans le crime : allons, pendant que cette main est brûlante…..

La Nourrice

Vous tuerez votre époux ?

Déjanire

Oui, l’époux de ma rivale.