Vous n’êtes pas seule à pleurer ; le trépas d’Hercule est un sujet de larmes pour toute la terre : votre malheur, ô ma mère ! n’est point personnel à vous seule. Les cris du genre humain étouffent les vôtres, et vos gémissements sont répétés dans l’univers entier. Tous les peuples du monde partagent votre infortune ; seulement vous ouvrez le deuil ; vous êtes la première, mais non la seule à pleurer votre époux.
Mon Hercule est-il bien près de la mort ? parlez, hâtez-vous de m’en instruire.
La mort, qu’il a une fois vaincue au cœur même de son empire, n’ose le frapper : le destin recule devant un pareil crime. La Parque même a jeté son fuseau, et craint d’achever la trame de la vie d’Hercule. O jour ! jour déplorable ! seras-tu le dernier terme d’une aussi belle carrière.
M’a-t-il précédée chez les morts, dans le triste séjour des Ombres qui sont sous la terre ? ou puis-je encore mourir avant lui ? dites-moi s’il a déjà cessé de vivre ?
La terre d’Eubée s’élevant comme une montagne immense est de tous côtés battue par les flots. Le promontoire de Capharée s’avance dans l’Hellespont, et reçoit les vents du midi. Mais du côté de l’Aquilon pluvieux bouillonnent les flots mouvants de l’Euripe, qui montent sept fois et sept fois se retirent dans le temps qu’il faut