Page:Sénèque - Tragédies, trad. Greslou, 1834, t. 3.pdf/213

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saisons ; il n’en est point dont la vie ne soit une trame sujette aux ciseaux des Parques avides. Ce qui est né doit mourir. »

Le malheur d’Hercule justifie les paroles du chantre de la Thrace. Un jour viendra, jour suprême, où les lois qui maintiennent l’harmonie du monde se briseront ; alors le pôle austral écrasera la Libye et tout le pays des Garamantes ; le pôle arctique écrasera tout ce que le Chariot domine, et tout le froid empire de Borée. Le soleil tremblant se détachera du ciel avec sa lumière. Le ciel lui-même tombera en entraînant, du couchant à l’aurore, la ruine de l’univers. Une mort particulière frappera tous les dieux, et le Chaos les saisira. La mort enfin se détruira aussi elle-même, après avoir tout détruit.

Mais où iront ces débris du monde ? la voûte de l’enfer s’ouvrira-t-elle pour recevoir les cieux brisés ? ou l’espace qui les sépare de la terre suffira-t-il pour contenir tant de ruines ? Quel lieu assez vaste pour cacher ce crime du destin ? quelle région sur nos têtes renfer-