rir, pour qu’aucun être vivant ne pût se vanter de ma défaite. Il ne me reste plus qu’à choisir une mort illustre, mémorable, glorieuse, et tout-à-fait digne de moi. Je veux rendre ce jour à jamais célèbre.
Abattez cette forêt tout entière, et embrasez tous les arbres de l’Œta ; ce sera le bûcher d’Hercule. Mais avant ma mort, toi, jeune guerrier, fils de Péan, c’est à toi de me rendre ce triste service : que la flamme qui doit consumer Alcide, éclaire le monde entier.
Maintenant, cher hyllus, écoute mes dernières prières : Parmi les captives, il en est une surtout dont les nobles traits rappellent une royale origine, c’est la fille d’Eurytus, c’est iole : tu allumeras les flambeaux d’un hymen qui vous unira tous deux. Vainqueur impitoyable, je lui ai ravi sa patrie et le palais de ses pères ; rien ne lui est resté qu’Alcide, et voici même qu’il est perdu pour elle. Pour la consoler dans sa disgrâce, elle aura pour époux le petit-fils de Jupiter et le fils d’Hercule. Si elle porte en son sein quelque gage de ma tendresse, reçois-le comme ton propre fils.
Et vous, ma glorieuse mère, cessez, je vous prie, vos plaintes funèbres : votre Hercule ne peut mourir. Mon courage vous a fait passer pour l’épouse légitime de Jupiter. Soit que vous m’ayez conçu dans cette longue nuit dont on parle, soit que j’aie un mortel pour père, je consens à perdre cette origine adultère, à n’être que le fils d’une épouse fidèle, et à ce que ma naissance ne soit point reprochée au maître du tonnerre ; je mérite au moins d’être l’enfant d’un tel père. J’ai honoré le ciel, et la nature m’a conçu pour la gloire de Jupiter.