Page:Sénèque - Tragédies, trad. Greslou, 1834, t. 3.pdf/253

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

sans gloire ; assis à côté d’Eaque et des deux rois de la Crète, tu jugeras les coupables, tu puniras encore les tyrans. Épargnez-le, puissances de l’enfer, et retenez vos coups. C’est la gloire d’Hercule, de n’avoir point souillé ses armes ; et, sous son règne, jamais les hommes n’eurent à gémir de ses cruels caprices.

Mais c’est au ciel que son courage le fera monter : quelle partie est destinée à te recevoir ? celle où brille l’astre du pôle, ou bien la zone que le soleil brûle de ses feux ? te verra-t-on resplendir dans la région tempérée du couchant, d’où tu entendras retentir autour de Calpé les deux mers que tu as réunies ? quelle portion du ciel s’abaissera sous ton poids ? quelle région pourra garder son équilibre, quand tu t’y seras posé ? Que du moins ton père te marque ta place loin de l’affreux Lion et du Cancer brûlant ; et puissent les astres, effrayés à ta vue, ne pas se troubler dans leur cours ! puisse le soleil ne point pâlir à ton aspect !

Tant que les tièdes haleines du printemps ramèneront les fleurs nouvelles ; tant que les hivers dépouilleront les bois de leur feuillage, et que l’été leur rendra cette verte parure ; tant que les fruits des arbres se détacheront à la fin de l’automne, le temps, dans sa durée, n’éteindra jamais la gloire de ton nom. Ta vie égalera celle du soleil et des astres. L’abîme se couvrira de moissons, les eaux de la mer orageuse perdront leur amertume, l’Ourse du pôle glacial s’abaissera jusqu’à tremper dans les flots qu’elle ne doit jamais toucher, avant que les humains cessent de chanter tes louanges.

Père de toutes choses ! sois sensible à nos prières :