Page:Sénèque - Tragédies, trad. Greslou, 1834, t. 3.pdf/261

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branches de peuplier, l’arbre chéri d’Hercule, et dont il parait son front. Nous y portons le fils d’Alcmène, semblable à un lion malade qui, renversé sur sa poitrine, mugit dans les forêts de Libye. Qui croirait que c’est au bûcher qu’on le traîne ? Son œil était celui d’un homme qui va monter au ciel et non se jeter au milieu des flammes. Arrivé sur l’Œta, il considère le bûcher, et après s’y être couché en brisant par son poids les arbres qui le composent, il demande son arc : « Prends-le, dit-il, fils de Péan, reçois ce présent d’Hercule. Voici les flèches qui ont tué l’hydre, voici celles qui ont percé les oiseaux du Stymphale, et tous les monstres que j’ai vaincus en les combattant de loin. Tu dois ce bonheur à ton courage ; ces flèches ne seront jamais lancées en vain contre tes ennemis : les oiseaux que tu voudras frapper tomberont de la nue, et tes traits n’en descendront point sans rapporter la proie. Cet arc aussi ne trompera jamais ta main ; il a appris à balancer mes flèches, et à leur donner un jet sûr ; les flèches elles-mêmes ne manquent jamais le but. Seulement, je te prie, embrase mon bûcher, et jettes-y les torches enflammées. Cette massue, dit-il, que nulle autre main ne saurait porter, sera consumée avec moi, c’est la seule de ses armes qu’Alcide emportera. Je te la donnerais avec les autres, si elle n’était trop lourde pour ta main : elle augmentera le bûcher qui doit dévorer son maître. »

Il demande alors la dépouille effrayante du lion de Némée pour la brûler avec lui : elle couvre tout le bûcher. Nous éclatons en gémissements, aucun de nous ne