Page:Sénèque - Tragédies, trad. Greslou, 1834, t. 3.pdf/275

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à tes bienfaits. Les écuries de Diomède sont tombées avec leur maître : tu as donné la paix à ce peuple en immolant son roi ; et quel est le pays qui ne te doive pas le même bonheur ? où faut-il que fa malheureuse mère te cherche un tombeau ? Toutes les parties de l’univers doivent se disputer la gloire de la sépulture : quel peuple, quel temple, quelle nation conservera un culte à ta cendre ? qui me demandera, qui réclamera de moi le fardeau précieux que je porte ?

Quel sépulcre, ô mon fils ! quel tombeau sera suffisant pour toi ? ce n’est pas trop du monde entier, ta gloire le mérite. Pourquoi craindre quelque chose ? je porte les cendres d’Hercule : je n’ai qu’à prendre ses os dans mes bras, ses restes me seront une sûre défense ; avec eux je n’ai rien à craindre. Ton ombre seule, ô mon fils ! fera trembler les tyrans.

Philoctète

Mère d’Alcide, mettez un terme à votre juste douleur ; les gémissements et les larmes ne doivent point déshonorer les funérailles d’un homme qui a triomphé du destin par son courage. L’immortelle valeur d’Hercule défend de le pleurer : ce n’est point sur les héros, mais sur les lâches, qu’il faut gémir.

Alcmène

Ne point pleurer, quand je perds un fils qui assurait la paix de la terre et des mers, du couchant à l’aurore ! Malheureuse mère ! que d’enfants je viens d’ensevelir dans un seul ! Je n’étais point reine, mais je pouvais donner des royaumes : j’étais la seule mère au monde qui n’eût point de vœux à former : je n’ai rien demandé