Page:Sénèque - Tragédies, trad. Greslou, 1834, t. 3.pdf/279

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deux nuits tout entières. Sa mère, en le perdant, perd plus que la vie. Pleurez-le tous ensemble, vous peuples dont il a plongé les tyrans dans l’enfer, en faisant tomber de leurs mains le glaive rougi du sang de leurs sujets ; que vos larmes du moins soient le prix de ses bienfaits : que le monde entier retentisse de vos cris : que la Crète, chère au dieu de la foudre, pleure sur Alcide ; que ses cent peuples célèbrent les funérailles de ce héros.

Curètes et Corybantes de l’Ida, que vos armes résonnent dans vos mains ; car c’est avec des armes qu’il faut pleurer mon fils. Célébrez aujourd’hui de véritables funérailles ; Hercule aussi grand que Jupiter même, Hercule est mort.

Pleurez son trépas, habitants de l’Arcadie, vous dont la naissance a précédé celle du soleil ; faites retentir les sommets du Parthénius et les bois de Némée ; que vos cris lugubres éclatent dans les gorges du Ménale. Redemandez Hercule par vos gémissements ; c’est dans vos campagnes qu’il a terrassé l’horrible sanglier, et percé de ses flèches les oiseaux sinistres qui, dans leur vol, couvraient la lumière du soleil.

Pleure aussi, toi Cléones, ville de l’Argolide ; c’est autour de tes murs que le bras de mon fils a détruit un lion qui répandait la terreur dans tes campagnes.