Page:Sénèque - Tragédies, trad. Greslou, 1834, t. 3.pdf/301

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et séduire à l’éclat trompeur d’une couronne, voyez comme une révolution soudaine a renversé la toute-puissante maison de Claude, et la famille d’un empereur qui tenait le monde entier sous son empire, qui dompta l’Océan, et le força de porter ses vaisseaux. Voilà donc ce mortel qui mit le premier les Bretons sous le joug, et couvrit de ses voiles des mers qui n’avaient jamais reçu de navires ; respecté des nations barbares et des flots, il a péri par la main de son épouse, qui elle-même expira par celle de son fils ; ce fils criminel a de plus empoisonné son frère : Octavie, sa sœur et sa femme, se consume dans la douleur. Elle ne peut plus cacher son dépit, qui éclate malgré elle ; elle fuit constamment la présence de son époux, dont elle partage le sentiment, et qu’elle déteste autant qu’elle en est haïe.

En vain mon zèle et ma fidélité s’appliquent à calmer les douleurs de son âme blessée : l’irritation qui l’égaré lui fait repousser mes conseils : sa généreuse indignation ne peut reconnaître de guide, elle se fortifie par l’excès de ses maux. Hélas ! quel crime affreux je redoute et je pressens ! plaise au ciel de nous en préserver !


SCÈNE III.

OCTAVIE, SA NOURRICE.
OCTAVIE.

Quelle misère peut se comparer à la mienne ? tes