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la Grèce victorieuse laissera-t-elle sans vengeance un pareil crime ? Voyez d’ici les chevaux, les armes, la mer hérissée de navires, la terre inondée de sang, et tous les malheurs du palais de Priam rendus à la Grèce : étouffez dans votre sein ces pensées funestes, et que votre âme s’apaise envers vous-même.


Scène II.

ÉGISTHE, CLYTEMNESTRE, LA NOURRICE.
ÉGISTHE.

Il est enfin venu pour moi ce jour fatal, auquel je n’ai jamais songé sans horreur. Pourquoi faiblesse de courage ? pourquoi jeter les armes avant le combat ? Regarde-toi comme un homme condamné par les dieux qui te préparent le sort le plus terrible. Va donc, dévoue ta tête coupable aux plus affreux supplices, offre ta poitrine à la fureur du fer et des feux.

CLYTEMNESTRE.

Avec une naissance comme la vôtre, Égisthe, la mort n’est pas un châtiment.

ÉGISTHE.

Compagne de mes dangers, fille de Léda, suivez-moi seulement ; et cet homme, aussi lâche roi que père courageux, vous paiera le sang qu’il a versé. Mais quoi ! vous tremblez, la pâleur est sur vos joues, vos yeux troublés restent immobiles et sans regard ?