Page:Sénèque - Tragédies, trad. Greslou, 1834, t. 3.pdf/359

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d’une rivale odieuse ; je serai la sœur et non plus la femme de César.

Que du moins je sois affranchie de mes peines et de la crainte du trépas ! Mais, hélas ! malheureuse, peux-tu l’espérer, connaissant comme tu le connais ce barbare époux ? Gardée comme une victime pour la cérémonie de cet hymen, ce jour est marqué pour ta mort. Mais pourquoi tourner si souvent tes yeux humides et pleins de larmes vers le palais de ton père ? hâte-toi plutôt d’en sortir ; sauve-toi de cette cour ensanglantée.

LE CHŒUR.

Le voici donc arrivé ce jour fatal, et qu’un bruit menaçant nous a tant de fois annoncé ! La fille de Claude se voit chassée du lit de Néron ; et Poppée triomphante y monte à sa place, pendant que la terreur glace notre amour et enchaîne nos bras.

Qu’est devenue la puissance du peuple romain ? cette puissance qui brisa les forces de tant de rois, fit les lois dans Rome, donna les faisceaux à des mains dignes de les porter, ordonna à son gré la paix et la guerre, dompta les nations et mit aux fers des souverains prisonniers. De toutes parts, les images de Poppée jointes à celles de Néron blessent nos regards. Abattons les