Page:Sénèque - Tragédies, trad. Greslou, 1834, t. 3.pdf/373

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d’airain, ont éprouvé la violence du peuple et sont tombées sous ses coups : on en traîne par les rues les membres mutilés et attachés à des cordes ; on les foule aux pieds, on les traîne dans la boue : leurs paroles ne démentent point la férocité de leurs actes ; la crainte m’empêche de les répéter. Ils veulent réduire en cendres le palais de l’empereur, s’il ne livre à la fureur du peuple sa nouvelle épouse, s’il ne consent à rendre à la fille de Claude ses pénates paternels. Le préfet m’envoie pour lui faire connaître cette sédition populaire ; il faut que je me hâte d’exécuter ses ordres.

LE CHŒUR.

Pourquoi cette fureur impuissante ? les traits de l’Amour sont plus forts que les vôtres, et ses feux éteindront vos feux ; car ils ont plus d’une fois triomphé de la foudre, et contraint Jupiter de descendre du ciel. Vous expierez cruellement votre démence, vous la paierez de votre sang. L’Amour est fougueux dans sa colère, intraitable et violent : c’est lui qui força le superbe Achille à quitter ses armes pour la lyre ; il a triomphé des Grecs, et de l’orgueilleux Atride ; il a renversé le royaume de Priam, et détruit les plus puissantes villes : et maintenant mon âme est saisie d’horreur, en pensant à quels excès va se porter la vengeance de ce dieu impitoyable.