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ACTE CINQUIÈME.


SCÈNE I.

NÉRON, LE PRÉFET.
NÉRON.

Mes soldats sont trop lents, et ma patience est trop grande ; après un pareil attentat, le sang des coupables devrait avoir éteint déjà les feux qu’ils ont allumés contre moi ; Rome devrait être inondée de carnage pour avoir enfanté des hommes aussi criminels. La mort n’est plus une peine suffisante pour de semblables forfaits, le crime du peuple mérite un châtiment plus sévère.

Cette femme à laquelle des furieux veulent me soumettre ; cette sœur, cette épouse dont je me défie depuis longtemps, doit enfin payer de sa vie les ennuis qu’elle me cause : il faut que ma colère s’éteigne dans son sang. Je vais abîmer la ville sous les flammes : ses coupables habitants périront dans les feux et sous les débris de leurs maisons ; je répandrai sur eux le deuil, et la hideuse misère, et la faim dévorante. Le bonheur de mon règne fait fermenter les passions de cette multitude corrompue ; elle abuse de ma clémence, elle ne peut se tenir en paix : son caractère inquiet se tourmente et se travaille ; l’au-