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O toi ! dieu suprême qui lances la foudre et gouvernes les nuages, roi de la terre et du ciel, qui reçois des vainqueurs l’hommage de leurs trophées ; et toi aussi, l’épouse et la sœur du plus puissant des dieux, grande Junon d’Argos, je vais offrir avec joie sur vos autels les victimes, l’encens et les prières que je vous dois.


Scène II.

Chœur de Femmes d’Argos

Argos, terre de héros, ville chérie de la fière Junon, toujours de nobles enfans naissent dans ton sein. Tu as complété le nombre impair de tes divinités. Ton Hercule, par ses douze travaux, a mérité l’entrée du ciel. Pour lui, Jupiter a suspendu le cours des lois du monde, et doublé les heures humides de la nuit, en ordonnant au Soleil de ralentir la marche de son char rapide, et à la pâle Phébé de conduire lentement ses noirs coursiers. L’étoile qui change de nom du matin au soir se vit forcée de rétrograder, et s’étonna de s’entendre appeler Hesperus ; l’Aurore, qui avait levé sa tête brillante pour remplir sa tâche accoutumée, la laissa retomber sur l’épaule de son vieil époux. L’orient et l’occident s’aperçurent ainsi de la naissance d’Hercule. Ce n’était pas assez d’une seule nuit pour enfanter ce prodige de force ; il fallait que le monde ébranlé s’arrêtât pour toi, noble enfant promis au ciel !