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Scène II.

ÉLECTRE, STROPHIUS, ORESTE et PYLADE, personnages muets.
ÉLECTRE.

Fuis, ô toi l’unique vengeur de ton père égorgé, fuis, et dérobe-toi aux mains criminelles de nos ennemis. Notre maison est renversée de fond en comble, notre empire est détruit. Mais quel est cet étranger qu’un char rapide amène dans ce palais ? Viens, mon frère, cache-toi sous ma robe. Mais que fais-je ? craindre des étrangers ? Ce sont les membres de ma famille qu’il faut redouter. Rassure-toi, cher Oreste ; c’est un ami fidèle qui s’offre à nous.

STROPHIUS.

Je suis Strophius, j’arrive de la Phocide, chargé de ces palmes d’Olympie : ce qui m’amène, c’est le désir de féliciter cet ami dont la main puissante a renversé Troie après dix ans de combats. Mais pourquoi ces larmes qui coulent sur les joues de cette vierge ? d’où viennent la terreur et la tristesse peintes sur son visage ? c’est une fille du roi. Électre, quel sujet de pleurs y a-t-il dans ce palais qui devrait être si plein d’allégresse ?

ÉLECTRE.

Mon père vient d’expirer sous les coups de ma mère. On veut égorger aussi cet enfant. L’amour a fait monter Égisthe sur le trône de Mycènes.