Page:Sénèque - Tragédies de Sénèque, trad Greslou, ed 1863.djvu/39

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mégare. — Il n’est pas facile de s’élancer de la terre au ciel.

lycus. — Quelle est donc sa naissance pour qu’il espère une place au séjour des dieux ?

amphitryon. — Malheureuse épouse du grand Hercule, gardez le silence. C’est à moi de faire connaître la naissance d’Alcide et de nommer son père. Tant d’illustres exploits, le monde pacifié de l’aurore au couchant par le bras de ce héros, tant de monstres vaincus, la Thessalie trempée du sang impie des géants, et les dieux défendus par sa valeur, ne révèlent-ils pas assez clairement l’auteur de ses jours ? N’est-il pas fils de Jupiter ? Crois-en du moins la haine de Junon.

lycus. — Pourquoi faire cette injure à Jupiter ? Est-il possible que le sang des dieux se mêle à celui des mortels ? amphitryon. — Telle est pourtant l’origine d’un grand nombre de dieux.

lycus. — Avaient-ils connu la servitude avant leur apothéose ?

amphitryon. — Le dieu de Délos a gardé les troupeaux du roi de Thessalie.

lycus. — Mais il n’a jamais erré par le monde comme un proscrit.

amphitryon. — Il tenait le jour d’une mère fugitive sur une terre flottante.

lycus. — Du moins il ne fut point exposé à la fureur des monstres ni des bêtes féroces.