Page:Sénèque - Tragédies de Sénèque, trad Greslou, ed 1863.djvu/420

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des présents solennels. Toute la ville était dans l'allégresse. Hécube même, si triste depuis les funérailles d'Hector, se laissait aller à la joie. Quel est le premier, quel est le dernier de nos maux que va retracer ma douleur? est-ce la ruine de nos remparts, ouvrage des dieux, détruits par nos mains? l'incendie de nos temples croulants sur leurs divinités? D'autres malheurs nous empêchent de pleurer sur ceux-là. C'est sur toi que nous pleurons, glorieux père des Troyens. J'ai vu, oui, j'ai vu le glaive de Pyrrhus se plonger dans le sein de ce vieillard, et se teindre à peine de quelques gouttes de sang.

Cassandre - Troyennes, suspendez vos pleurs: vous aurez toujours le temps d'en répandre. Gémissez plutôt sur vos propres funérailles. Mes infortunes n'ont besoin d'être partagées par personne. Cessez de pleurer sur la cause de mes douleurs : seule je saurai suffire à mes maux.

Le Chœur - Il est doux de mêler ses larmes à celles des autres. Les douleurs qu'on dévore en secret sont plus cuisantes. On aime à pleurer ensemble des revers communs; et vous-même, quels que soient votre courage et votre constance, vous ne pourrez suffire à de si grandes calamités. Ni la triste Philomèle qui, au printemps, fait entendre dans le