Page:Sénèque - Tragédies de Sénèque, trad Greslou, ed 1863.djvu/47

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troisième partie du monde, il ne tenait qu’à moi. J’ai vaincu le chaos de la nuit éternelle, et quelque chose de plus terrible encore, des dieux cruels et l’inflexible Destin. Je reviens vainqueur delà mort. Que me reste-t-il à entreprendre ? j’ai vu et j’ai fait voir les enfers. Impose-moi quelque nouveau travail, ô Junon ! Pourquoi laisser mes mains si longtemps oisives ? Quelle victoire m’ordonnes-tu ?… Mais pourquoi des soldats furieux entourent-ils ce temple, et. d’où vient que la terreur en assiège le seuil sacré ?

SCÈNE II. — MÉGARE, AMPHITRYON, HERCULE. THÉSÉE.

amphitryon. — Que vois-je ? Est-ce une illusion ? ou le vainques du monde et l’honneur de la Grèce, Hercule a-t-il quitté le noir séjour des Mânes ? Est-ce bien là mon fils ? Tout mon corps tressaille de joie. O mon fils ! sûr appui, mais tardif espoir de Thèbes ! Est-ce réellement toi que j’embrasse, ou suis-je le jouet d’une ombre vaine ? Est-ce toi ? Oui, je reconnais ta poitrine, tes épaules et ta main chargée de ta noble massue.

hercule. — O mon père, que signifie ce deuil, et ces vêtements funèbres que porte mon épouse ? D’où vient cet affreux désordre dans la parure de nos enfants ? Quel malheur s’est appesanti sur ma famille ?