Page:Sénèque - Tragédies de Sénèque, trad Greslou, ed 1863.djvu/79

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vivrai. Thésée ; relève mon père renversé sur le sol. Ma main criminelle craindrait de souiller sa pureté.

amphitryon. — Cette main, je veux la baiser, ô mon fils. Elle soutiendra mes pas chancelants ; je la mettrai sur mon cœur malade pour en apaiser les douleurs.

hercule. — Où fuir ? où me cacher ? où chercher l’oubli du tombeau ? Les eaux du Tanaïs ou du Nil, les flots impétueux du Tigre ou du Rhin, ceux du Tage qui roule des paillettes d’or, suffisaient-ils jamais à purifier cette main ; quand les froides eaux des Méotides passeraient toutes sur moi, quand Téthys répandrait toute son onde sur mes mains, la trace de mon crime ne s’effacerait pas… Misérable ! où vas-tu chercher un refuge ? à l’orient ou à l’occident ? Connu partout, je ne trouverai nulle part un lieu d’exil. L’univers me repousse. A mon aspect, les astres se détournent de leur cours ; le soleil a vu Cerbère avec moins d’horreur. Fidèle ami, cher Thésée, trouve-moi quelque retraite lointaine, inconnue des humains. Puisque telle est ta destinée d’être toujours le complice des crimes d’autrui, et d’aimer les coupables ; pour reconnaître mes bienfaits et me payer de retour, ramène-moi dans le séjour des ombres, et je porterai, à ta place, le poids de