fera braver ce qu’il regarde comme le plus affreux des maux, la vue de son frère.
le garde. —Mais qui lui garantira vos intentions pacifiques ? Où prendra-t-il cet excès de confiance ?
atrée. — Une coupable espérance est toujours crédule. Au reste, je chargerai mes fils d’un message pour leur oncle. Ils l’inviteront de ma part à quitter la vie errante d’un exilé pour échanger sa misère contre un palais et partager avec moi le trône d’Argos. Si Thyeste s’obstine à repousser mes prières, elles toucheront du moins ses enfants sans expérience, fatigués de leurs malheurs et faciles à tromper. Mais le vieil espoir qu’il a de régner, sa triste misère, ses rudes traverses feront taire sa défiance et fléchiront son âme endurcie par tant d’infortunes.
le garde. — Le temps a déjà allégé ses peines.
atrée. — Tu te trompes : le temps aigrit le sentiment des maux. On supporte un malheur passager ; mais un malheur permanent est un supplice intolérable.
le garde. — Cherchez d’autres instruments pour vos funestes desseins. Vos fils ont l’oreille ouverte aux mauvaises leçons : ils tourneront contre vous celles que vous leur donnez contre leur oncle. Souvent le crime retombe sur son auteur.
atrée. — Quand personne ne leur enseignerait le chemin du