Page:Sénac de Meilhan - L'Émigré, Tome 1.djvu/119

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

de la vue des exécutions, et peut-être, de l’empressement à être spectateur des supplices, il y a peu de distance pour en devenir l’instrument. Un homme fut traité dans la rue, d’espion de la police, à tort ou à raison, par un autre qui avait à se plaindre de lui, ou lui en voulait. Le peuple s’attroupa et se mit à le poursuivre de rue en rue, de place en place ; la plaisanterie se mêlait à la fureur, ce qui est un caractère distinctif du peuple Français, et le malheureux poursuivi à coups de pierres vint se réfugier au Palais royal. Il n’y fut pas en sureté, et saisi par les plus acharnés, il fut plongé à plusieurs reprises dans le grand bassin. On délibéra ensuite sur ce qu’il fallait lui faire, et il fut proposé de lui couper les oreilles ; alors je vis une femme au-dessus du peuple, et mise avec assez d’élégance