Page:Sénac de Meilhan - L'Émigré, Tome 1.djvu/121

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sa joie atroce ce refrain d’un Vaudeville :

Ah ! il n’est point de Fêtes
Quand le cœur n’en est pas.

Je restai à Paris, où le Roi se rendit après l’affreuse nuit du cinq Octobre ; je fus témoin de son entrée dans cette capitale, et pour vous donner une idée du caractère d’une nation que le luxe et les plaisirs rendaient presque insensible à tout ce qui ne frappait pas au moment sur ses jouissances, je vais vous raconter l’effet que produisit cette déplorable marche d’un monarque outragé et captif, sur ce qu’on appelait la bonne compagnie. Son cortège étonnant par sa composition, affreux par sa contenance féroce et ses cris, mit trois heures à passer dans la rue Royale où j’étais ; des troupes à pied ou à cheval, des canons conduits par des femmes ; des