Page:Sénac de Meilhan - L'Émigré, Tome 1.djvu/139

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sans avoir ni l’occasion ni le désir d’en faire parade. Peu connue dans la société, elle n’y paroissait que depuis la fin de son deuil. On en parlait comme d’une femme qui n’était ni sans agrémens ni sans esprit ; mais la mode, cet arbitre suprême des Français, n’avait point consacré son mérite, et il y avait peu de presse pour aller chez elle. Mes parens, qui désiraient vivement de me voir marié, crurent que je ne pouvais trouver un parti plus avantageux et m’engagèrent à lui rendre des soins. Ses bonnes qualités, sa franchise, sa simplicité jointes à une figure agréable m’inspiraient de l’intérêt et l’envie de lui plaire ; je pris ces dispositions pour de l’amour, et je lui en parlai le langage ; mais j’ai senti depuis, en y réfléchissant, combien ce léger sentiment était différent de l’amour, de