Page:Sénac de Meilhan - L'Émigré, Tome 1.djvu/156

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roman à raconter ; j’ai eu aussi ma part de leurs diverses fortunes, mais je ne puis pour le moment vous en faire le récit, étant pressé par le temps, je me bornerai donc à vous parler de ma position actuelle. Je mène ici une vie tranquille que je partage entre la lecture et la promenade ; mais je n’habite pas comme vous dans un château et près d’une femme charmante, je suis logé chez une Juive à qui une banqueroute qu’on lui a faite, a donné une ineffaçable jaunisse. On a découvert que la choroïde des animaux qui paissent est verte, et l’on est indécis de savoir si cette couleur vient de l’habitude de voir du verd, ou de leur nourriture, ou si la nature les a ainsi conformés. Mon Israélite ne voit plus les choses que sous la couleur des ducats, et elle-même en a le coloris. Au reste c’est