Page:Sénac de Meilhan - L'Émigré, Tome 1.djvu/234

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tout homme, de quelque classe qu’il soit, était en quelque sorte familiarisé avec l’idée de la possibilité de périr sur un échafaud, l’histoire en fournit mille exemples, et l’innocence n’a souvent pas suffi pour échapper à un tel sort ; mais un roi !… qui peut se faire une idée des affreuses pensées, des sentimens d’étonnement et d’horreur qui ont rempli son esprit et son cœur quand il a passé, captif, au milieu d’un peuple furieux qu’il avait vu, pendant vingt ans, se précipiter sur son passage pour le contempler avec délices ; pour faire retentir l’air des plus touchantes acclamations. Qui peut dire si son cœur n’a pas été ouvert à l’espoir, et combien il a été cruellement trompé, lorsque pendant cette longue route il n’a entendu aucune voix s’élever en sa faveur, aucun bruit avant-coureur d’un