Page:Sénac de Meilhan - L'Émigré, Tome 1.djvu/243

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

lui témoignais mon admiration de son courage, elle m’a dit une chose qui m’a frappée. Quand on ôte, Madame, du malheur, l’humiliation, il perd ce qu’il a peut-être de plus douloureux, et comment être humilié d’un malheur général ? Qui ne serait pas honteux de paraître en chemise dans la rue ?… Mais, supposé que le feu prenne à votre maison, aux maisons voisines, on ne songera pas en fuyant le danger, à la manière dont on est vêtu. Mais, dit mon oncle, madame la Duchesse aurait trouvé dans tous les pays, des gens qui se seraient empressés de la secourir, sans s’abbaisser… Ah ! Monsieur, lui dit-elle, ces services-là ne sont que pour un temps, et quand les malheurs durent, la générosité se lasse : n’est-il pas plus satisfaisant de pouvoir se suffire à soi-même, et de