nouvelles de l’armée. Je tremble à chaque gazette qui arrive ; je me dis quelquefois : pourquoi donc aller à l’armée quand on a de la fortune, quand on peut être un bon mari, un bon père, élever ses enfans, soigner son bien ; ne peut-on donc être heureux chez soi que lorsqu’on a quelque chose à raconter, un titre sur son adresse, et un morceau de ruban à sa boutonnière ? Je sais qu’il est des femmes qui ont besoin de ces choses pour estimer leur mari. J’ai quelquefois considéré notre fermière, quand son mari fait de loin, en rentrant chez lui, entendre une voix bruyante ; quand il raconte qu’il a gagné quelques parties de boule, ou, ce qui est encore mieux, qu’il a eu une querelle, qu’il a menacé ou battu quelqu’un ; alors elle se rengorge, et d’un air tout à la fois orgueilleux et soumis s’empresse autour
Page:Sénac de Meilhan - L'Émigré, Tome 1.djvu/49
Apparence