quart d’heure plus tard. Hier nous avons parlé romans ; il préfère ceux des Anglais ; j’en ai été surprise ; car il me semble que les Français ont beaucoup de réputation pour ce genre d’ouvrages. J’ai lû avec vous la princesse de Clêves et Zaide, et ces deux ouvrages nous ont fort intéressées par l’élévation et la délicatesse des sentimens. Le marquis de St. Alban à qui j’en ai parlé m’a répondu que les romans devaient être comme les comédies, la représentation des mœurs d’une nation. Nos auteurs de romans, si l’on en excepte deux ou trois, dit-il, ne mettent en scène que des comtes et des marquis, comme si il n’y avait que des gens de qualité dans le monde, et les mœurs des gens de cet ordre, ils ne les connaissent point ; leurs peintures sont outrées, et les avantures qu’ils décrivent sans
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